Les Domaines Ott
Le rosé ne se boit-il qu’en été ? A l’heure où Brad Pitt, propriétaire du Château Miraval, prend à la défense du vin rosé face à la menace Trump, des domaines se démarquent, non pas par le fracas médiatique, mais pas une constance qui force l’admiration. Parmi ces derniers, les Domaines Ott, qui incarnent une certaine idée de la Provence.
Family first
Il y est bien difficile de faire son choix dans une offre devenue pléthorique en la matière, assortie de rayonnages à n’en plus finir, c’est pourquoi il est utile comme souvent de s’en tenir à des facteurs objectifs. D’une part, chez Marcel Ott, ingénieur agronome alsacien parti à la recherche du sud et qui s’est arrêté par pur hasard en Provence, la chaîne qui relie la vigne au verre est respectée : il ne s’agit pas d’un vin de négoce monté par un entrepreneur opportuniste en quête d’argent facile dans la grande distribution en jouant sur la carte provençale.
D’autre part, il y a la manière : vous ne verrez pas sur une bouteille du domaine une étiquette ou une revendication verte à l’attention de ceux qui craignent la gueule de bois. En effet, la bonne gestion de la vigne fait partie des grandes fiertés de la maison qui respecte la terre et demeure un modèle d’exigence, tant et si bien que les normes viticoles dites bio ont été dépassées il y a fort longtemps.
Enfin, et bien sûr, il y a le vin lui-même et la bouteille qui le contient. Précurseur, les domaines à travers René Ott a dessiné sa propre forme de bouteille, inspirée de l’amphore, initiant ainsi une mode qui n’a eu de cesse de se renouveler à travers toutes les formes qu’on trouve aujourd’hui dans la région. Quant aux vins eux-mêmes, peu de surprise, il proviennent de trois domaines : le Château de Selle, le Clos Mireille et le Château Romassan. Ils sont à l’image de l’exigence des cousins Christian et Jean-François : simples et exigeants.
2018
Nous avons testé les derniers crus : le millésime 2018 du Château de Selle est un élégant assemblage à dominante grenache, complété par du cinsault et du syrah et du mourvèdre. Avec une une belle robe, pâle et lumineuse qui répond aux standards de la région et de l’appellation, il propose un nez délicat et fleuri, suivi d’une bouche aromatique, fruitée (pamplemousse, pêche jaune, groseille et une texture soyeuse. C’est un vin franc et sec, avec une belle caudalie.
Le Clos Mireille quant à lui est plus expressif et aromatique, grâce à l’intervention du rolle à la place du mourvèdre, le nez se décompose en notes de pêche blanche, melon mûr et fleur d’aubépine. La bouche est tonique et nerveuse avec une belle acidité (citron vert) et une texture ample et veloutée, suivie d’une fin de bouche de zeste et de salinité, le terroir parle.
Alors faut-il boire du rosé en dehors de l’été ? Bien entendu ! Tant qu’il y aura de la soif, tant qu’il y aura un climat qui se réchauffe et des journées ensoleillées, tant que les cigales chanteront… ou pas. Le rosé est un vin comme les autres et, comme le plaisir, ne se confine pas à une seule saison de l’année.
Plus d’informations sur http://www.domaines-ott.com/