Le Dîner en Blanc, un événement bourgeois et élitiste ?
Chaque année, les parisiens – l’oeil un quart-amusé, un quart-médusé, un quart-moqueur et un quart-envieux -, voient défiler des ribambelles de gens de bonne famille vêtus tout de blanc de pied-en-cap, se rendant à un dîner secret dans un lieu prestigieux de la capitale. Un rituel qui perdure depuis 26 ans et dans désormais 40 villes autour du monde. Invitation uniquement par cooptation, lieu tenu secret jusqu’au dernier moment, code de conduite draconien, le Dîner en Blanc ne manque de susciter le débat auprès de ceux qui le trouvent bourgeois et élitiste.
Oui, et alors ?
Tout d’abord, un évènement d’une telle ampleur (plus de 10 000 personnes ont participé aux dernières éditions parisiennes) ne pourrait fonctionner sans contrôle. Les participants sont tenus de respecter l’environnement et les monuments dans lesquels les dîners se déroulent. Ensuite, il ne s’agit pas d’une entreprise lucrative : pas de participation financière, pas de publicité, pas de sponsor. Enfin, et surtout : le Dîner en Blanc est une initiative privée, les valeurs qu’il véhicule ne concernent donc que ses organisateurs et ses participants. Car après tout, chacun est libre de s’approprier provisoirement l’espace public à sa guise, tant que l’ordre est respecté.
In fine, « le plus grand dîner viral du monde » n’est rien de plus qu’un pique-nique géant entre amis. Il ne viendrait à l’idée de personne de juger quiconque prendrait l’apéritif autour d’une nappe sur une pelouse, qu’il soit vêtu de blanc, de rose ou de bleu. Nul ne se dit qu’une famille se restaurant sur un pont en regardant le soleil se coucher est trop bourgeoise ou trop apprêtée. Il n’est donc pas pertinent de porter un jugement moral ou social. On leur fout la paix. Point.
Ordre et discipline
Et si l’exclusion du plus grand nombre suscite des réactions négatives, il suffit de regarder l’état lamentable des pelouses du Louvre, l’incivilité nonchalante des badauds, et la saleté indicible qui y règne en permanence, pour comprendre que des règles strictes doivent encadrer un tel événement. Et cette organisation exige du travail , de la discipline et de la préparation.
Alors, si avoir envie de passer un bon moment dans un environnement de qualité tout en respectant des règles de bonne conduite au nom du confort de tous est bourgeois : oui, le Dîner en Blanc est éhontément bourgeois. Et si le fait de n’inviter que des amis et des proches à dîner est élitiste : oui, le Dîner en Blanc est délicieusement élitiste. Pour ma part, je dirais mieux : le Dîner en Blanc est méritocrate.
Pour en savoir plus http://paris.dinerenblanc.info/
Grégoire says:
Bonjour,
Oui.
sinon pour digressionner, autrement dit flooder, je profite de cet article pour souhaiter longue vie à ce nouveau site.
Je sais que c’est mal, mais je regrette déjà mrlung.com, ce ton juste et cette distance aux choses, typique du détachant aristocratique, avec des vrais morceaux de tensio-actif dedans, c’est bon !
On apprécie énormément le style, acerbe entre Houellebeck et Carrère, entre sel et sucre, non je ne suis pas amoureux de vous.
L’indépendance des avis, mais la justesse toujours + ce coté follement décadent + considérer sérieusement les choses légères et légèrement les choses sérieuses = mrlung.com –> orgyness.com fera t’il aussi bien voir mieux ? je l’espère.
Un fidèle lecteur qui retourne dans la torpeur dominicale.
Wai-Ming Lung says:
Merci pour ce flood qui me va droit au coeur. Huit ans de blog, c’est long. Dans le monde instantané d’Internet, c’est l’équivalent de 24 heures de conversation avec Ribéry, soit une éternité. J’espère que ce nouveau site vous plaira, non seulement parce que si on change de support, mais on ne change pas d’état d’esprit pour autant, mais aussi parce qu’il permet de s’attaquer à de nouveaux sujets, de voir comment on peut hacher menu dans d’autres domaines, et de se faire des nouveaux copains chemin faisant.
En vous remerciant pour votre fidélité.