Faut-il boycotter les hôtels Dorchester ?

C’est la Semaine de la Mode à Paris. Le moment habituel pour les visiteurs de la planète fashion de se jeter sur les palaces parisiens comme autant d’abeilles autour d’un pot de miel aguicheur. Et pourtant, l’atmosphère est légèrement différente cette fois, puisque de nombreuses personnalités ont appelé à boycotter les hôtels du groupe Dorchester, auquel appartiennent notamment le Plaza Athénée et le Meurice.

Pourquoi ? Parce que la chaîne d’hôtels de luxe est détenu par Hassanal Bolkiah, le Sultan de Brunei, et que ce dernier a décidé d’appliquer la charia en son pays : « un nouveau Code pénal décidé par le sultan qui inclut des mesures attentatoires à la dignité humaine, notamment la peine de mort par lapidation pour l’adultère et homosexualité », selon le communiqué de presse du groupe Kering, dirigé par François-Henri Pinault, un des protestataires.

L’appel au boycott est également signé par Anna Wintour, la célèbre rédactrice de Vogue, le milliardaire Richard Branson, la présentatrice Ellen de Generes ou encore Karel de Gucht, commissaire européen au Commerce. Beau geste, louable qui plus est.

Mais devant ces coups d’éclat hautement médiatiques, l’empêcheur de râler en rond qui sommeille au fond de moi ne peut s’empêcher de se poser des questions : pourquoi s’en tenir aux palaces du groupe Dorchester alors que le George V est la propriété du prince Al-Walid, neveu du roi d’Arabie saoudite, et le Crillon celle du prince Mit’ab, fils du roi d’Arabie saoudite, cet autre pays qui pratique la charia depuis bien plus longtemps ? Sans compter le Royal Monceau et le nouveau Peninsula détenus par le Qatar où l’homosexualité est également illégale.

De nombreuses questions qui ne manquent pas d’entacher la crédibilité d’une série de manifestations qui pénaliseront avant tout deux fleurons de l’industrie hôtelière française. Alors, en toute bonne foi, Madame Wintour, où allez-vous dormir pour avoir la conscience tranquille ?