Restaurant La Grande Cascade, Paris

Quitter Paris le temps d’un repas, oublier le temps, les bistrots minimalistes et les noms de plats en ingrédient 1/ ingrédient 2 / ingrédient 3, les serveurs barbus, atterrir dans un film de Claude Sautet, observer le bal des serveurs engoncés de noir et de blanc alors que le thermomètre affiche 30 degrés au compteur, s’asseoir à l’ombre d’un parasol, lisser la nappe blanche amidonnée du bout des doigts…
Laisser venir à soi le chariot de champagne au verre, hésiter entre le Drappier et le Lassaigne, faire semblant de réfléchir, mais finalement se laisser guider. La route nationale a beau être à 50 mètres, on se sent déjà loin.

Ne vous attendez pas à la révolution, le grand soir n’est pas pour aujourd’hui. Tant pis pour le peuple

Tout ou rien

La terrasse de la Grande Cascade au Bois de Boulogne est la plus entière qui soit. Par choix, soit toutes les tables sont à l’extérieur, soit elles sont à l’intérieur, et au diable les caprices de la météo. C’est là que Frédéric Robert – un macaron à son palmarès – accueille ses clients depuis 9 ans déjà, avec sa cuisine aimable qu’on taxerait volontiers de bourgeoise si ce terme n’était pas aussi galvaudé, et si elle n’était pas aussi intemporelle. Ne vous attendez pas à la révolution de l’assiette ici, le grand soir n’est pas pour aujourd’hui. Tant pis pour le peuple. En revanche, vous pouvez exiger l’excellence avec un produit respecté mais transformé, avec des associations qui font ronronner le palais et les papilles.

À l’instar d’une salade de homard bleu, flanqué de poires à la sucrosité acidulée et d’une sauce cocktail dont le nom aurait pu effrayer, mais qui se révèle inoffensive comme la rosée. On peut aussi évoquer la présence du turbot, à la cuisson lente dans une croute de sel de Noirmoutiers, parfaitement maîtrisée, qui laisse la chair juteuse et tendre.

Vive le surnaturel

Un œil au livre de caves et l’on soupire d’aise. Sus au naturel, vive le surnaturel ! Outre une carte de champagnes fort digne, l’amateur appréciera la longue liste de bourgognes, qu’ils soient blancs ou rouges. Au dessert, après une énième « revisite » de la tarte au citron (petite faiblesse de la maison ?), vous aurez même droit de déguster un Ratafia de chez Janisson & Baradon. À la fin de cette parenthèse bucolique, il faut malheureusement repartir vers la ville et ses avenues surchauffées, mais vous rêvez désormais de résidence secondaire et de labrador. C’est fou, l’effet d’un simple repas.

La Grande Cascade
Bois de Boulogne, Allée de Longchamp 75016 Paris
Tél. 01 45 27 33 51

Site Internet : http://www.restaurantsparisiens.com/