C.H.A.N.G

Il est désormais une évidence pour ceux qui ont passé un peu de temps aux antipodes, que de reproduire à Paris la cuisine thaïe qu’on a goûtée ailleurs, est un pari aussi périlleux que de se présenter à des élections sous une dictature. Et si le restaurateur incriminé (qui se targue souvent d’avoir épousé un trophée qu’il a ramené en France), n’est pas encore passible d’empoisonnement au polonium, le farang mal déguisé n’en est pas moins rapidement démasqué.

Cette adresse a été testée sur invitation

Stratégie de contournement

Un piège qu’a habilement esquivé Alexandre Lam, fondateur de C.H.A.N.G, puisqu’il ne se revendique d’aucun terroir, préférant imposer sa patte personnelle à une table détendue du passeport, qui mêle modernité du midi (à destination des bureaux alentours) à des cocktails bien sentis (pour les mêmes lorsqu’ils débauchent), ainsi que ses racines chinoises et ses inspirations thaïes.

Là où le Bambou s’était pris les pieds dans l’assiette, Alexandre Lam, flanqué de Gérald Chahine à la pâtisserie, s’en tire avec panache, à l’image des jolies dressages qui arrivent à la table : que ce soit les tapas thaï à partager ou les classiques comme le Tigre qui Pleure, ça flatte les yeux avant de parler aux autres sens. Ici, pas de complexité ou d’excès de sophistication, mais une fraîcheur appréciable, coincée entre une Rue de Rivoli touristique à souhaits et un quartier nippon bien mieux achalandé.

La nuit, je mange

Un bémol ? Il est dommage que l’ambiance des lieux reflète davantage un positionnement diurne que nocturne, car C.H.A.N.G est aussi armé pour la nuit tombée, aussi peut-on espérer que l’avenir fera plus de place au plaisir qu’au fonctionnel, car le combo cocktail + tapas thaï vaut le détour.