Godenya

A priori, Hong Kong n’est pas forcément la ville où l’on partirait spontanément à la recherche d’un bar à saké caché, d’autant plus si le bar en question est spécialisé dans les accords mets-vins. Fort heureusement, les bonnes surprises naissent de partout, et parfois à l’autre bout du monde, puisque c’est grâce aux World Restaurants Awards que j’ai entendu parler de Godenya pour la première fois.

Accords mets-saké

Pas de porte dérobée au fond d’un kebab, aucune trace des sempiternels gimmicks prohibitionnistes, il faut vraiment s’aventurer dans une petite ruelle de Central, ces contre-allées qui servent d’ordinaire davantage à sortir les poubelles qu’à des promenades bucoliques, pour découvrir la porte toute en sobriété de cette minuscule table japonaise. D’ailleurs, plus japonais, tu fais seppuku, puisque le chef Shiye Goshima ne parle pas beaucoup mieux chinois qu’anglais et qu’on se sent tout chanceux de ne pas avoir à demander d’explications avancées sur les plats, puisque le menu est unique. Soit, une série de neufs plats façon kaiseki, où chaque type de poisson et chaque saké proviennent d’une région différente du Japon. Il serait bien fastidieux de décrire chaque accord, il est cependant toujours étonnant pour le néophyte de découvrir l’éventail de variété des sakés, ainsi que leur palette aromatique, du pétillant en passant par le rosé, et les diverses méthodes d’élevage.

Voyage, voyage

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L’abalone (ormeau), Botanebi (crevettes tachetées), canard servi dans un citron yuzu accordé avec un Inemankai de Kyoto de 2017 élaboré à partir de riz rouge, et a donc une robe rosé, est un parfait exemple d’équilibre, de précision et de puissance aromatique. De même, la rencontre entre l’annoimo (patate douce), betterave et œufs de cent ans, et l’AFS de Chiba, un Yamahai Junmai 2018 est un véritable orchestre de douceur, de suavité, de saveurs fermentées et terriennes. Un festival de découvertes.

Un petit bémol sur la décoration d’un minimalisme qui ferait passer pour baroque votre magasin Muji, et où l’intimité ne s’acquiert que si vous êtes à la seule table disponible, les autres places étant au comptoir. On en ressort pas tout à fait rassasié mais heureux du voyage œnologique au pays du saké, un aller-retour qui vaut son détour, capable d’épater autant les palais que ses courtisans.