L’Opéra Restaurant, à l’Opéra Garnier, Paris
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L’Opéra Restaurant, à l’Opéra Garnier, Paris

Il faut savoir distinguer les nourritures spirituelles de celles plus prosaïques qui viennent sustenter le corps, et parfois caresser le coeur. L’incontournable Opéra Garnier qui abrita parmi les plus grands opéras (et en refusa un certain nombre) ne fait pas exception à la malédiction parisienne des restaurants de monuments. A savoir : être frappé d’une table aussi prétentieuse qu’indigente.

La forme et la mesure

Le travail d’Odile Decq, l’architecte qui a conçu l’Opéra Restaurant – bravo au passage pour le nom, l’imagination, et tout – a un mérite, celui de respecter les volumes de l’édifice. Mais à part ça, l’entrée, qui donne sur un bar à Martini, sert d’étroit vestiaire où une méchante caissière boude la vie, et de couloir de dégagement vers la salle. Au passage, avait-on besoin d’un énième bar sponsorisé ? Certes, on peut considérer le rouge comme une couleur emblématique, mais de là à nous coller systématiquement ce vermillon, ça me paraît passer outre la mesure, un comble pour un opéra.

Sitting boules

Formellement, Odile Decq a rempli son contrat. Mais dans les faits, c’est froid et, avec une exposition nord-est, ça frôle le sans-âme d’un VIP Lounge Air France, il ne manque plus que les prises pour recharger les portables. Mais fermons les yeux et ouvrons les papilles. Quoique, non. Oubliez. Parce qu’il n’y a pas grand chose qui élève l’esprit de ce côté-là non plus. L’assiette de Pata Negra en entrée, si elle a eu la bonne idée de venir flanquée de jeunes légumes en pickles, ne laisse finalement qu’une impression de jambon déballé et dispersé méthodiquement sur une assiette rectangulaire, un smic culinaire qui ne sied guère à la grandiloquence des lieux.

Même la joue de boeuf est bénigne, elle n’est pas grave, elle est simplement là, avec sa malencontreuse et penaude purée, qui semble s’être égarée là, elle aussi. En tout cas, la preuve que la religion vient au secours du désespoir, c’est que Saint Joseph réussit à sortir la soirée de sa torpeur et à maintenir la tablée exempte de colère. Odile Decq, appliquée mais désincarnée. Christophe Aribert, trop occupé par les sains bains d’Uriage pour se préoccuper de la vénale salle parisienne ? Dans ce repas sans passion, ni étincelle, on se demandera longtemps où est passé le chef et sa cohorte d’étoiles et de toques.

L’Opéra Restaurant
Palais Garnier
Place Jacques Rouché 75009 Paris
Tél. 01 42 68 86 80

Site Internet : http://www.opera-restaurant.fr/

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