Restaurant le Mini Palais d’Eric Fréchon, Paris
- Mini Palais
- Grand Palais Perron Alexandre III
- Paris
- +33(0)1 42 56 42 42
Le Mini Palais de Gilles Choukroun était un échec, une table de peu d ‘intérêt qui n’a su profiter d’une situation prestigieuse et d’une des plus belles terrasses parisiennes. Alors imaginez-vous l’attente suscitée par Eric Fréchon lorsqu’il me contacte en septembre dernier pour m’annoncer sa nouvelle installation au Mini Palais.
Atelier & sauna
Il y eut entretemps des travaux. A présent on se croirait dans un atelier d’artiste avec des plâtres géants négligemment sur des étagères… équipé d’un sauna. Oui, ça peut paraître bizarre, mais que dire de ces cabanes de bois clair qui abritent les toilettes et je ne sais quoi ? Que c’est moche ? Oui, mais j’aime l’argumentation, aussi me demandé-je encore ce que le décorateur avait en tête en dessinant ces cubes disgracieux.
L’accueil est sympathique certes, mais aussi amateur que précédemment, le personnel se laisse volontiers à des négligences – et même des confidences – peu dignes du rang auquel le restaurant voudrait s’élever avec la signature d’Eric Fréchon. Le maître d’ nous propose des cocktails pour commencer, des spécialités maison, nous annonce-t-il… pour finalement débouler avec un cocktail au cognac, exempt de saveurs de cognac, noyé dans les glaçons et le goût de grenadine Teisseire. Fichtre, j’aurais dû m’en tenir au Deutz annoncé sur la carte !
Vitello Mayonnato
Mais il est des histoires qui commencent mal et qui se concluent dans un festival de bonheurs, aussi décidais-je de laisser le bénéfice du doute à Stéphane d’Aboville, le bras armé de Fréchon dans cette table bis. Je vous l’annonce tout de suite, le vitello tonato est très loin de celui proposé au Passage de Senderens. Noyé sous la mayonnaise au thon, le veau peine à trouver l’espace gustatif nécessaire pour exprimer textures et saveurs. Digne d’être à tartiné sur du pain grillé.
En plat de résistance, par ce soir de grand froid, j’optai ensuite pour la poitrine de cochon grillée avec son navet en choucroute qui, quant à lui pose la question de l’exécution par rapport au concept. La viande, si elle a bien retenu les fumets, est devenu sèche à la cuisson, perdant le bénéfice d’une des parties les plus grasses de l’animal qui permet de créer des plats onctueux et riches. Le navet en choucroute est plus original, mais la garniture arrive tiède ! Que dire d’une telle irrégularité lorsqu’un chef triplement étoilé pose sa signature ?
Second rôle
Pour finir, la tarte au citron vient mettre un peu de légèreté et d’insouciance dans un repas où la nourriture a failli à tenir son rang de héros de la soirée. Rien n’était mauvais à proprement parler, simplement l’absence d’étincelle est flagrante, à l’image d’une bouteille d’Auxey Duresses rouge 1998 des Hospices de Beaunes qui ronfle autant par son appellation que par sa paresse à s’ouvrir avec la générosité d’une bourguignonne aguerrie.
Plus de trois mois après son ouverture officielle, sans parler de vitesse de croisière, on ne peut plus parler de rodage ou de lancement, il faudrait penser à remaniement, monsieur le ministre. Pour 80€ par tête, je vous recommande vivement d’attendre les beaux jours pour profiter de la vue… à moins que l’assiette ne se décide à sortir enfin de sa torpeur anonyme.
Mini Palais
Grand Palais Perron Alexandre III
avenue Winston Churchill 75008 Paris
Tél. 01 42 56 42 42
- Mini Palais
- Grand Palais Perron Alexandre III
- Paris
- +33(0)1 42 56 42 42