Mercatbar de Quique Dacosta

Quand on arrive en Espagne, penser à s’empiffrer de tapas est un réflexe aussi naturel que de crier Olé lorsque les cornes du taureau glissent dans un souffle sous le mantello du torero. Mais il serait tout aussi dangereux que de se jeter sous le premier bar venu, aussi en temps que gourmet au palais capricieux se tourne-t-on très vite vers des valeurs sûres ! Valence, c’est à la terre de Quique Dacosta, dont nous avions parlé ici. Le chef aux trois étoiles de la région, alors quand on apprend qu’il a ouvert un bar à tapas, on ne se pose même plus de question.

Tapas 100 balles ?

Localisé dans le quartier Eixample, on ne se place pas pour la déco qui fait un peu mal aux yeux, même si quelques détails feront certainement sourire, comme cette patte de poulpe géant qui trône sur le bar. Mais revenons à l’essentiel : le tapas gastronomique, c’est la chasse au dahu. Bien souvent, le format permet simplement à des mal intentionnés de vous fourguer plein de petites assiettes et faire monter l’addition. Ici, il y a la créativité du chef, une inspiration cosmopolite, un sourcing étoilé, et surtout des tarifs tout doux ! Le premier menu est à 17,50€, tandis que le menu dégustation en 9 temps élégamment intitulé « Gargoyle » est à 32€. A ce prix-là, invitez donc votre belle-mère.

Parmi les tapas dégustés, notons des encornets à la texture irréprochable, des tartares et ceviche tout à fait oubliables (même ici, on oublie que le ceviche est avant tout une méthode de cuisson), mais le taco de joue de bœuf vaut le voyage à lui tout seul : suave, tendre, juteux, ça coule sur les doigts à chaque bouchée, c’est tout simplement parfait. Du foodporn avec une finale bien sale. La farandole s’achève avec un bar « all i pebre », une recette typique de Valence habituellement préparée avec de l’anguille, une bombe gustative (aussi à cause des 30 gousses d’ail par assiette). Si vous êtes en rendez-vous galant, veillez à ce que votre compagne mange la même chose que vous.

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Quique, serial feeder

Les 9 plats s’enchaînent avec rythme et plaisir au comptoir comme en salle (les menus interminables font partie de la panoplie du chef), et on arrose le tout de vin local : un Mestizaje, soit un vin composé de bobal (un cépage du pays), syrah et grenache. Il est étonnamment frais en dépit de ses 14°, et sa minéralité fait glisser les mets les plus salés.

Le Mercatbar mérite son titre de tapas gastronomique. Dans une ambiance conviviale et sans façon, on y goûte des saveurs locales et internationales, et surtout créatives. Et s’il faut envisager un jugement sur le rapport qualité/prix, c’est sûrement la meilleure affaire que j’ai faite en 2019.