Nakatani, restaurant à Paris
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Nakatani, restaurant à Paris

Notre avis : 4/5

Nakatani, encore un Japonais à Paris ?

En cuisine comme ailleurs, tout le monde cherche midi à quatorze heures… Alors que les chefs français n’en finissent pas de métisser leur cuisine en évitant soigneusement qu’on parle de fusion (l’abomination des années 1990), et que les nouveaux food-entrepreneurs cherchent aux quatre coins de la terre un concept/pépite encore inexploité à Paris, les jeunes chefs japonais, eux, ne jurent que par une vision idéalisée de la sacro-sainte « gastronomie française ».

Shinsuke Nakatani, 37 ans, ne fait pas exception à la règle. Dernier arrivé à Paris, doit-il pour autant faire les frais d’une tendance qui commence à agacer ?

Au-delà de la tendance, un talent

Certes, en pénétrant ce restaurant de poche, on peut avoir un sentiment de déjà-vu, mais le chef n’est pas à blâmer, il a juste fait appel au même studio d’architecture japonais que ses compatriotes de Es, Pages et Neige d’Eté avant lui : c’est donc très blanc, minimaliste – voire monacal –, mais dans ce coin du 7ème arrondissement, on dit chic. L’art de la table, qui est cher à ses yeux, a quant à lui été confié à Hanako Nakazato, et c’est très réussi : d’une parfaite délicatesse et toute nippone.

chez les impressionnistes, voire les pointillistes

De toute façon, l’essentiel est ailleurs, n’est-ce pas ? C’est dans l’assiette qui lui sert de palette que le chef exprime son talent. Car oui, il dresse ses plats comme un peintre compose une toile. On est ici chez les impressionnistes, voire les pointillistes, tant une attention extrême est apportée aux couleurs, aux détails. En bouche, les associations surprennent mais s’accordent à la perfection, on saisit alors toute la maîtrise de celui qui a officié pendant neuf ans aux côtés d’Hélène Darroze, avec par exemple, cette entrée : « filet de bonite, à cru, fine chapelure de poutargue, endive à l’orange, betterave jaune, pomme goldrush, coque de Noirmoutier, mouron exotique » ; et surtout ce plat d’une belle audace à Paris : « faux-filet de cheval breton, filaments de pomme de terre, quinoa noir au jus de veau, champignons pieds bleus au jus d’oignon et champagne, purée de cresson, oignon rouge au vin rouge ».

Côté flacons, que du beau, du bon, mais de l’onéreux avec une belle sélection de champagnes et de Bourgogne, mais aussi de jus de fruits Alain Milliat. Pour les néophytes, faites confiance au sommelier, très pro. D’ailleurs, le service, d’une manière générale, est remarquable. Si certains pourraient tiquer devant le menu unique, se rappeler que c’est avant tout une importation de l’omakasé japonais qui reprend ses droits et qui, chez Nakatani, est vraiment pertinent.

Brain Food

De fait, Nakatani est un artiste, un vrai. Plus intellectuelle que terrestre, sa cuisine est un véritable enchantement pour qui maîtrise les codes. Cependant, si à n’en point douter il devrait s’attacher les fins palais de la capitale, on pourrait regretter que sa cuisine soit un tout petit peu trop introvertie pour l’instant. Pourvu qu’il surmonte vite sa timidité et exprime au plus vite une cuisine faite avec la tête, mais aussi avec le cœur.

Nakatani
27, rue Pierre Leroux 75007 Paris
Tél. +33(0)1 47 34 94 14
Site Internet : www. restaurant-nakatani.com
Ouvert du mardi au samedi, midi et soir.
Menu déjeuner : 40€ /dîner : 80€

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Notre avis : 4/5